Dans ce premier épisode de notre podcast Indépendances, nous avons le plaisir de recevoir Quentin ADAM, Fondateur et Président de Clever Cloud, acteur de l’hébergement de données français.
Depuis une quinzaine d’années, Quentin ADAM prône un Cloud computing axé non pas sur l’accumulation de data centers (actifs immobiliers et matériels), mais orienté sur la brique logicielle vecteur d’une plus grande valeur ajoutée et nécessitant des investissements moindres.
Au fil des questions de Cyril BERTSCHY, Quentin aborde pêle-mêle différents sujets liés directement à l’innovation technologique, avec en toile de fond les évolutions sociétales inhérentes à l’emprise du numérique dans nos activités personnelles et professionnelles.
Quentin revient entre autres sur les origines françaises d’Internet en rappelant judicieusement les travaux issus du plan Calcul (1967-1975). Pour mémoire, ce sont les travaux du projet Cyclades conduits par l’équipe d’ingénieurs de Louis POUZIN, composée de Jean LE BIHAN, Jean-Louis GRANGÉ, Hubert ZIMMERMANN, Gérard LE LANN, Jean-Pierre TOUCHARD, au sein de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), qui ont permis de mettre en oeuvre la commutation de paquets.
Selon Quentin, si aujourd’hui Internet est américain et non français, c’est en grande partie la responsabilité des dirigeants politiques français qui ne font pas suffisamment confiance aux ingénieurs et aux entrepreneurs. Notre invité prend pour exemple le système de rentes de certaines grandes entreprises nationales qui refusent de prendre le risque d’innover car elles possèdent en même temps une rente, souvent composée d’infrastructures et/ou d’une position quasi-monopolistique.
Lorsque nous questionnons Quentin sur la manière dont il envisage le développement Clever Cloud dans les années à venir, ce dernier explique que désormais la société créée et prend des parts de marché à l’étranger, notamment en Côte d’Ivoire, au Kazakhstan ou au Maroc. Les coopérations entre Clever Cloud et ces pays sont ancrées dans une logique souveraine où la valeur ajoutée et les données restent locales. Il y a donc un renversement de paradigme dans l’approche business comparativement aux acteurs américains tels Amazon ou Google.
« L’Union européenne, colonie du monde numérique ? », tel est le titre du rapport d’information de la sénatrice Catherine MORIN-DESAILLY publié en 2013. Dans son argumentaire en faveur d’une souveraineté numérique française et/ou européenne, Quentin invoque les travaux sénatoriaux pour rappeler que la bataille du numérique est aussi une bataille du soft-power (influence). C’est la raison pour laquelle il s’engage aux côtés de l’École 18.06, au sein du Conseil de Surveillance, afin de participer à la formation des futurs techniciens en informatique et futurs ingénieurs en Intelligence Artificielle ou experts en Cyberdéfense.
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